Que signifie être en situation de vulnérabilité ?
Depuis le 1er janvier, les hôpitaux sont financés à l’acte, donc en fonction de leur activité. Certains établissements en font moins que d’autres, ou dans d’autres domaines, ce qui peut entraîner une baisse de leur budget. De plus, certains seuils de compétence sont reconnus. Dans le cas de la chirurgie par exemple, qui est une activité manuelle où il faut entretenir sa dextérité, pratiquer peu peut avoir une influence sur la qualité des soins apportés. Cependant, le chiffre de 4.000 séjours par an, en deçà duquel un établissement est considéré comme moins compétent, est flou.
Si cette activité est pratiquée par une équipe de deux personnes, le ratio est très élevé, la compétence est donc haute. Ce n’est plus le cas pour équipe de 25, par exemple. Les seuils ont également une portée financière : en deçà d’un certain nombre d’intervention, un bloc opératoire n’est pas rentabilisé. Ce sont des critères qui ont pesé pour la fermeture des maternités ces dernières années.
La réforme annoncée par Nicolas Sarkozy prévoit notamment un rapprochement entre différents centres hospitaliers. Qu’en pensez-vous ?
J’ignore encore si le centre de Provins est concerné, mais cela fait plusieurs années que l’idée d’une coopération sanitaire est dans l’air. Nous travaillons d’ailleurs depuis trois ans à un rapprochement avec la clinique privée de la ville qui pourrait, à terme, se reconstruire dans notre établissement. L’idée est de centraliser les compétences afin de faciliter leur accès aux patients et de les convaincre que la qualité des soins est bonne. L’un des problèmes rencontrés par les hôpitaux est que la proximité passe après l’orientation des médecins : ceux-ci envoient leurs patients dans les centres où ils exercent, ou ceux où ils collaborent avec le personnel soignant.
Craignez-vous une fermeture de votre hôpital ?
Nous n’avons pas encore obtenu de garanties car les orientations de la réforme ne sont encore qu’à l’état de propositions. Je ne me sens néanmoins pas concerné car le rapprochement avec la clinique s’est fait en accord avec notre Agence régionale de l’hospitalisation (ARH). De plus, nous sommes situés dans une zone où de moins en moins de médecins généralistes exercent, de même pour les kinésithérapeutes de ville et les infirmières libérales. La population alentour a du mal à accéder aux soins et dépend beaucoup du centre hospitalier de Provins. Un hôpital ne se ferme pas comme une usine.
Une autre proposition vise à renforcer les pouvoirs du directeur d’un hôpital…
C’est une bonne chose, car les contraintes sont devenues très fortes, notamment en ce qui concerne leur situation financière, dont le directeur est tenu pour responsable. L’hôpital est, depuis peu, financé en fonction de son activité. Nous sommes passés d’un système d’enveloppe globale, reconduite d’année en année, à un système beaucoup plus aléatoire. Cela crée une zone d’incertitudes délicate à gérer : alors que le coà »t du personnel représente 70% à 75% du budget global de l’hôpital, nous ne pouvons pas dire à nos employés, notamment ceux affiliés à une activité propre, « on ignore si vous serez là le mois prochain ».
Selon vous, quelles sont les mesures à mettre en place en priorité ?
Le problème actuel est que nous manquons de directive claire. Il est essentiel de définir précisément la mission du service public. Que demande-t-on à l’hôpital ? Quelles activités lui confie-t-on ? Et quelles autres missions sont confiées aux cliniques privées ou aux centre de soins ? Ces missions doivent également dépasser la question de la rentabilité. Par exemple, si on demande à un centre hospitalier d’assurer un services des urgences, cela signifie qu’il ne doit pas fermer à 20h mais être ouvert toute la nuit, avec du personnel… Mais pour cela, il faut lui donner les moyens pour mettre en oeuvre sa mission.
AFPTV ¦ Sarkozy présente "grandes orientations" de la réforme de l’hôpital. Durée 1mn46
Propos recueillis par Sandrine Cochard
20Minutes.fr, éditions du 17/04/2008 - 14h49