Bonjour à toutes et tous,
Le temps des AG des Verts est arrivés et les motions fleurissent.
On peut trouver l’exercice vain, on peut trouver aussi que la course aux signatures des motions n’est pas saine : mais c’est là la base de la démocratie verte, c’est comme cela que nous fonctionnons tous ensemble.
Car, ce courrier, vous l’avez compris, a un objet : celui de vous proposer de signer une motion nationale pour le congrès, celle d’Urgence Ecolo  Urgence Sociale.
J’ai signé Urgence Ecolo  Urgence Sociale pour affirmer quelques idées :
1 - oui, il y a urgence, aujourd’hui, à agir, quand les crises, économique, sociale, démocratique, environnementale, s’accélèrent à un tel point. Ce qui signifie que les approches d’hier, prendre le temps de convaincre nos alliés de gauche, avec la tactique de la crémaillère, pas à pas, sont dépassées. Quand la pauvreté s’étend dans nos villes, quand les classes moyennes voient le sol se dérober sous elles, quand les impôts locaux entrent moins, il y a urgence à agir ! Cet été, la consommation de carburant a baissé de près de 20%, ce qui signifie que bien moins de monde est parti en vacances. Combien de Français sont restés chez eux, ont fait le "choix" de ne pas partir en vacances pour avoir de quoi se chauffer cet hiver ? Misérabilisme à deux balles ? Non, réalité de ce qui se passe autour de nous, maintenant.
2 - Il faut réussir le rassemblement des écologistes, c’est une urgence. Tout le monde le dit, mais tout le monde ne le pense pas. Eva Joly vous a peut-être fait tousser ce lundi matin - quand elle s’est félicitée sur France Inter de voir Les Verts rejoindre le rassemblement que nous avons initié pour les européennes ! - mais quand on s’ouvre, quand on s’élargit, forcément, c’est avec des femmes et des hommes qui ne sont pas du même moule que le nôtre, qui ne pensent pas tout comme nous ! Mais il faut faire bouger les lignes, se renforcer, revenir à la base de nos principes écologistes, et arrêter de ressasser éternellement les mêmes rengaines avec les mêmes gens.
3 - il faut réussir le rassemblement des écologistes, des amis de Hulot à Bové, car il faut virer Sarkozy la prochaine fois. Et ça, les vieux partis de la gauche ne savent plus le faire, alors il nous revient d’être la force propulsive de la gauche, sans tabou. Et si on vire Sarko, ce ne sera pas pour que Hollande ou Fabius fassent la politique que DSK préconise à la tête du FMI. Ce sera pour changer de politique, vraiment. Parce que sinon, la pauvreté s’accroîtra, le partage des ressources se fera de façon injuste. La décroissance est là , en moyenne on consomme moins, on voyage moins. Aujourd’hui, elle est imposée ; il faut qu’elle devienne équitable, qu’elle mène à un autre mode de vie, plus convivial, plus durable. C’est pour cela que le changement, c’est l’écologie, et rien d’autre.
4 - Parlons boutique. Entre celles et ceux qui ont les yeux tournés vers le PS, et celles et ceux qui donnent toute priorité à la boutique Verte, nous avons fait le choix, avec Urgence écolo  Urgence sociale, de vous proposer une ligne claire : rassembler les écologistes, s’ouvrir vraiment, se recentrer sur l’écologie, sortir du tête à tête avec le PS, ni productivisme, ni décroissance subie.
Cette AG peut, doit, être celle du changement, du troisième temps de l’écologie, après le temps du ni-ni et le temps de la gauche de gouvernement, celui du rassemblement, de la refondation, le temps de l’écologie politique, tout simplement.
C’est cette dynamique que je vous propose de rejoindre.
Bien amicalement,
Yvon TREGOAT
Urgence écolo - Urgence sociale !
La nouvelle dynamique,une décroissance écologique, solidaire et démocratique
" Eh bien la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel. "
Victor Hugo, discours à l’Assemblée Nationale, 1848
1-L’urgence écologique au cÅ“ur des Verts.
Le constat est simple : le mode de développement productiviste et capitaliste de nos sociétés occidentales n’est pas généralisable. Pire, il constitue un modèle qui se traduit par une crise écologique et sociale globale : la crise alimentaire pour les peuples du Sud, la crise financière pour les pays du Nord, la crise énergétique pour tous, sur fond de dérèglement climatique et d’atteintes irréversibles à notre patrimoine naturel.
A présent, le monde prend conscience des catastrophes écologiques les plus dures qui vont, de façon fatale, secouer l’humanité et la planète : épuisement des ressources, dérèglements climatiques, émeutes de la faim, massacre de la biodiversité, flambée du pétrole, dissémination des matières nucléaires civiles et militaires, explosion du système économique mondial, dépression financière, montée des totalitarismes…
Les contraintes physiques ne se décident pas et l’histoire s’accélère, c’est incontestable. Les crises s’accumulent, s’additionnent et se superposent. La démocratie recule. La perspective d’une planète livrée à la barbarie n’est plus une fiction.
Ces crises écologique, économique, sociale et démocratique appellent une transformation radicale de nos modes de production, de déplacement, de consommation, qui ne saurait se limiter à des propositions d’aménagements à la marge du capitalisme, ou à des appels à la responsabilité individuelle auprès d’une opinion publique. L’écologie politique n’est pas conciliable avec l’économie libérale et le productivisme qu’ils soient portés par la droite ou la gauche.
Congrès de la dernière chance ! Pas du fait des Verts eux-mêmes. La perception du monde a changé en profondeur depuis l’AG de Bordeaux, il y a deux ans. Il s’avère indispensable de ne plus perdre son temps dans une gestion boutiquière et des comportements infantiles. Enfoncés dans notre cocon, nous sommes rattrapés par l’Histoire.
Il est temps. Temps de rejoindre l’essentiel. Temps de faire acte de subversion, de résistance et de transformation. Pour y parvenir, renouvelons notre utilité et notre raison d’être au sein d’une écologie rassemblée.
2- Pour une décroissance solidaire et démocratique.
Exigence inédite à cette échelle, l’humanité est contrainte d’opérer une mutation radicale de son mode de fonctionnement. Les Verts doivent lancer le défi d’une utopie réalisable, celle de la décroissance solidaire et démocratique, levier d’une économie sobre en carbone et en matières premières. L’être humain ne se réduit pas à un simple rouage de l’économie, dans un rôle de producteur ou de consommateur. L’écologie considère l’individu dans sa globalité. Il s’incarne en être doué de raison et d’émotivité avec sa part d’irrationalité : ses rêves, sa dimension affective, son aspiration à l’art, à la culture, à la beauté, à sa sensibilité, à sa spiritualité. Tout ce qui fait son humanité. C’est la condition de son émancipation.
Faire nôtre cette idée de décroissance solidaire, c’est assumer la critique de l’hyper-consommation et du productivisme ; c’est réduire de l’empreinte écologique. Elle est à opposer tant à une croissance inégalitaire, qu’à une décroissance subie. Elle doit viser à assurer la dignité et les besoins fondamentaux de celles et ceux qui en sont privés, notamment par la redistribution des richesses. Elle est démocratique, car elle permet, grâce à des modes de régulation non violents et donc choisis, la transition vers une société de la sobriété, de la proximité, de la convivialité et du partage. Le passage d’une société de l’" avoir ", vers une société de l’" être ".
3- Construisons une écologie de l’action
Face à la Droite, les Gauches traditionnelles ne parviennent pas à incarner un projet global et viable de transformation de la société. Elles perdent ainsi en crédibilité et, finalement, accompagnent les renonciations.
De ce point de vue, il est mortifère pour les Verts de rendre "socialo-compatibles" les programmes et les stratégies. Sortons du champ d’attractivité idéologique de notre actuel partenaire privilégié pour cultiver nos spécificités et exister pleinement en tant qu’écologistes.
Pour combattre la Droite, l’ambition doit être de créer un nouvel imaginaire qui transcende les représentations idéologiques traditionnelles.
L’ensemble des forces, des mouvements, des individus, qui identifie et combat les causes et les effets des destructions environnementales et sociales, peut élaborer dans un creuset commun, un projet global, une écologie polulaire.
Le "paradigme écologiste" constitue le lien qui doit rassembler dans l’action. Celle-ci ne peut pas se réduire au travail dans les institutions ou les collectivités, même ci cet aspect permet d’accélérer la mise en Å“uvre des desseins concrets. C’est aussi dans la société, par la construction de nouveaux liens de solidarité, par des actions de terrains, des réalisations collectives, que nous ferons la démonstration de la viabilité de l’alternative que nous portons.
L’objectif est de renforcer notre ancrage dans la société pour peser d’avantage. Des quartiers populaires aux territoires ruraux, nous devons co-élaborer des solutions locales qui prennent en compte les enjeux globaux. C’est le préalable pour pouvoir établir des contrats avec des partenaires en vue de participer à des majorités de gestion.
4- Un parti à la hauteur des enjeux, Rassemblons les écologistes
Avec les rencontres récentes des Journées d’Eté de Toulouse, "de Bové à Hulot", l’écologie a marqué un essai. Il reste à le transformer.
L’aventure verte ne peut s’amplifier qu’au cÅ“ur d’une écologie rassemblée, réunie autour de valeurs essentielles : la finitude du monde, l’urgence écologique, la solidarité envers les plus pauvres, notamment les pays du tiers monde, l’égalité des femmes et des hommes, l’évolution démocratique, laïque et humaniste des sociétés terrestres…
Le bilan interne n’est pas satisfaisant : réforme interne inaboutie, difficultés financières, mauvaise gestion des échéances électorales, manque de clarté stratégique qui nous fait passer du rassemblement des écolos aux contacts peu dynamiques avec feu la gauche plurielle. Les Assises de l’écologie, votées dans la motion de Bordeaux, n’ont pas été mises en Å“uvre.
Ce "zapping" stratégique affaiblit et décrédibilise notre message. Nous avons la responsabilité historique de réaliser la convergence progressive de forces, d’histoires et de cultures différentes. Avec des valeurs de gauche, nos combats nous situent contre le libéralisme et le productivisme, sans le retour au "ni-ni".
Par ailleurs, la balkanisation interne de notre Parti, qui confond "courants d’idées" et "clans", n’est pas à la hauteur de la construction souhaitable d’une nouvelle famille politique, écologiste, qui a vocation à supplanter les anciennes représentations. De ce point de vue, le prolongement des anciennes sensibilités, bloc contre bloc, n’est pas à la hauteur du travail d’ouverture à mener. Il est temps d’améliorer l’efficacité de notre fonctionnement : confiance, professionnalisme, respect et valorisation de l’intelligence collective.
Pour cela, nous devons pacifier les relations interpersonnelles, mutualiser et diffuser les compétences, les savoirs, mettre à la disposition de chacune et chacun, des outils efficaces d’aides et de mutualisation. De même, un think tank, véritable centre de recherche opérationnel, constituera un outil pour convaincre les décideurs : notre action saura prendre également ses ressources dans ces cercles de réflexion.
Un Parti fort a besoin d’un secrétariat national structuré et efficace, en capacité de communiquer avec clarté et créativité. La rigueur financière oblige à améliorer l’organisation du travail (répartition claire des délégations au CE, coordination efficace avec le conseil politique, valorisation du travail des commissions et du CNIR). Les salariés doivent être mieux considérés.
Pour se hisser à la hauteur des enjeux, nous devons mettre les Verts en position de garantir le rassemblement des écologistes et le dépassement positif de notre Parti. L’ensemble de cette démarche est en contradiction avec tout projet de participation à une "fédération de la gauche". Cela doit nous conduire à rénover notre culture d’organisation, à prévenir les logiques de courant qui se structurent sur la distribution des places.
Notre but : gagner la bataille des européennes, investir le cÅ“ur du rassemblement pour lui donner du sens et bannir toute volonté hégémonique pour aller vers une refondation de l’écologie politique. L’Europe, par son rôle prédominant, a besoin des écologistes et tous les écologistes ont besoin de cette réussite électorale pour convertir les politiques publiques.
Pour autant, la stratégie ne s’arrête pas à cette élection. Des "Assises de l’écologie politique", préalable à un dépassement des Verts, se déclineront par des rencontres locales, régionales, et une synthèse nationale.
L’importance d’une force se mesure aussi à son degré d’indépendance : présence autonome aux élections et capacité à conclure des contrats aptes à changer les politiques publiques, à maintenir une parole forte tout au long du mandat, à sortir des exécutifs lorsque l’alliance n’est plus tenable. Le partenariat avec les mouvements sociaux est l’un des moyens.
Les autres séquences de la vie politique seront aussi l’occasion de se développer et d’affirmer l’originalité du projet écologiste : des listes autonomes aux régionales, création d’une dynamique écologiste du rassemblement à la présidentielle, les militants devant s’exprimer en temps opportun dans des Assemblées Générales Stratégiques.
Ensemble, plus solides, construisons pour l’avenir de tous, d’ici, de là -bas, et des générations futures.